Elyan a grandi dans l'opulence de Tashbaan. Issu d'une famille de la haute aristocratie calormène et telmarine, il a reçu une éducation solide et variée, dans laquelle il réussissait avec brio du fait de la précocité de son éveil intellectuel. Son père était l'un des plus proches conseillers du Tisroc. Il participait activement à la politique de Calormen, notamment en matière de relations diplomatiques. C'est lui qui encouragea le Tisroc à renforcer ses liens avec Telmar, d'abord d'un point de vue commercial, ensuite, au moment de la guerre contre Caspian et les Pevensie, d'un point de vue militaire.
Elyan ne voyait ainsi que rarement son père et passait le plus clair de son temps avec son précepteur, chargé de former le jeune homme à la succession de son père. Il était convenu qu'il deviendrait à son tour conseiller, mais avant cela, il apparaissait nécessaire qu'il se fasse les dents. L'idée ne déplaisait pas à Elyan, qui ne convoitait pas spécialement le pouvoir en temps de tel, mais appréciait ce qu'il permettait d'obtenir : richesse, influence, tranquillité. Cependant, Elyan ne désirait pas s'occuper de la diplomatie. Il préférait l'administration et surtout la gestion, celle des impôts et des taxes, ainsi que celle du Trésor du royaume. Très bon en mathématiques, il excellait dans les affaires et le négoce.
A vrai dire, c'est à ces activités qu'il consacrait la majorité de ses journées. Il gérait le patrimoine de la famille Kashad, faisant sans cesse la navette entre Calormen et Telmar. Il aimait beaucoup Telmar, y compris lorsque la guerre faisait rage, et y séjournait pendant de longues périodes, en compagnie de sa mère avec laquelle il entretenait un lien très étroit et parfois même un peu toxique.

A la mort de son père, quelques mois avant la défaite de Miraz, il récupéra la charge familiale auprès du Tisroc, qui l'enchantait moins qu'une fonction de camérier. Pourtant, il ne l'exerça pas longtemps. La guerre finie, le peuple calormène renversa son souverain et s'attacha à dénicher et exécuter tous ceux qui avaient participé de près ou de loin à ce gouvernement accablant et inégalitaire, duquel les calormènes avaient beaucoup souffert.
Elyan parvint à s'échapper. Il quitta Calormen, mais ne pouvant se rendre à Telmar où se trouvait encore sa mère, il embarqua pour les Îles Solitaires et se réfugia avec d'autres exilés à Félimath chez un ami de longue date. Apprenant qu'un groupe de rebelles à Caspian s'était organisé à Térébinthe, il les rejoignit, et ensemble, ils découvrirent le moyen de faire renaître Jadis.
Fidèle à la Sorcière Blanche depuis ce moment, l'intelligence, la ruse et l'acharnement au travail d'Elyan l'ont conduit à être nommé Premier Général de Jadis et Gouverneur de Calormen, après l'assassinat du Régent. Aujourd'hui, il gère d'une main de fer le territoire calormène, qui comporte les principales ressources financières et économiques du pouvoir de Jadis. Gestionnaire pragmatique, Elyan parvient à les faire fructifier, n'hésitant pas à imposer un régime dictatorial à son peuple.

En apparence, l'enfance et l'adolescence de Lasaraleen semblent en tout point parfaites. Sa mère était issue d'une très riche famille de négociants calormènes ; son père, chancelier et meilleur ami du Tisroc, avait un poids considérable dans la politique du royaume. Lasaraleen a ainsi grandi dans l'opulence, dans le luxe à outrance et le pouvoir. Les autres aristocrates craignaient sa famille, et tout le monde lui faisait des ronds de jambes comme si elle eut été une princesse ou une impératrice.
Mais en réalité, Lasaraleen endurait un calvaire. Mariés par arrangement, ses parents se détestaient et se hurlaient dessus à longueur de journée. Du reste, les affaires familiales étaient fondées sur la traite d'esclave et des convois entiers d'hommes et femmes réduits à l'esclave défilaient sans cesse dans la maison.
Finalement, Lasaraleen ne connaissait que la violence, dans toutes ses formes. Elle préférait s'exiler dans la bibliothèque du palais du Tisroc où elle apprit la maîtrise les langues anciennes et l'histoire naturelle.

La mort de son père fut un soulagement. Ne ressentant pas le moindre chagrin, Lasaraleen espérait obtenir enfin un peu de tranquillité. Débarrassée de ce mari qu'elle haïssait temps, la mère de Lasaraleen s'adoucit et son caractère acide ne lui servait plus que pour ses affaires dans lesquelles elle était intraitable.
Les esclaves continuaient de se succéder chez les Drinian, jusqu'à ce que certains d'entre eux s'avèrent être spéciaux. Des esclaves différents. Des esclaves qui n'étaient pas humains. L'Etoile était passée.
C'est ainsi que Lasaraleen entra pour la première fois en contact avec les esprits et les créatures humanisées. Immédiatement, elle éprouva à leur égard une sorte de fascination morbide. Elle voulait comprendre qui ils étaient et de quoi ils se composaient.
Pendant des mois, elle s'attacha à étudier avec acharnement ces créatures. Enfermée dans la bibliothèque, elle ne s'aperçut pas qu'elle commençait à perdre l'esprit, gangrenée par cette obsession maladive.
Ses recherches furent interrompues par la fin de la guerre et le renversement du Tisroc. Pour éviter les persécutions, elle se réfugia un instant dans les Îles Solitaires, en compagnie de sa mère et d'Elyan qu'elle connaissait de longue date. Il lui évoqua son projet de ramener Jadis, mais Lasaraleen ne l'écoutait que d'une oreille, son projet à elle était à ses yeux le plus important. Elle devait comprendre, et pour cela, il lui fallait des spécimens à étudier et à disséquer, or sans la réserve d'esclaves de sa mère, la chose était impossible.

Quand Jadis revint et s'empara de la majorité des contrées, elle commença finalement à s'intéresser à la Sorcière Blanche. Elyan lui avait parlé du désir de Jadis d'exterminer toutes les créatures humanisées, et Lasaraleen demanda immédiatement à son ami de lui arranger une rencontre avec la nouvelle reine.
Lors de cet entretien, Lasaraleen exposa à Jadis son projet : la traque des créatures pourraient être suivie d'un moment d'étude pour comprendre d'où venaient leur pouvoir et essayer de l'extraire pour l'utiliser et construire une arme d'une puissance inégalée. Si Lasaraleen avait perdu l'esprit, Jadis elle, dans sa soif de pouvoir, vit dans ce projet une initiative qui allait dans le sens de ses ambitions. Toujours à temps de se débarrasser de la calormène plus tard, elle laissa carte blanche à Lasaraleen pour conduire son inquisition et ses recherches et s'enfoncer un peu plus dans son obsession.