Bien qu'il soit né au sein d'une famille de sang noble, la vie d'Aeryn n'a jamais été placée sous le signe de l'opulence et de la facilité. Son père était issu d'une branche cousine de l'un des sept seigneurs perdus des Îles, sans pouvoir, sans richesse et condamnée à l'errance depuis que Calormen avait pris l'ascendant sur les Îles.
Dès sa plus tendre enfance, Aeryn a du apprendre à se débrouiller par lui-même, conscient qu'il n'obtiendrait rien par les autres, et qu'il devrait se battre pour se faire sa place. Très proche de son père, Viserion, qui lui apprit à manier l'épée, à monter à cheval et à pêcher, Aeryn a baigné dans les histoires familiales des temps d'avant, lorsque ses ancêtres étaient à la tête des Îles Solitaires.
Ainsi, les Îles apparaissaient pour lui comme un paradis perdu, l'héritage de sa famille injustement volé.
Accompagné de son père, Aeryn voyageait abondement. Tous deux étaient devenus forgerons et, lorsqu'ils ne s'entraînaient pas avec les armes qu'ils avaient forgés, ils sillonnaient les territoires insulaires pour vendre leurs créations. Mais les affaires étaient difficiles et les recettes maigres, car Viserion refusait de commercer avec les calormènes qui étaient la cause de tous les maux des Ragh.
Accablée par la pauvreté, la famille n'en demeurait que plus soudée, des liens qui se renforcèrent quand la mère d'Aeryn mourut de maladie.

Par conséquent, lorsque Miraz prit le pouvoir, Viserion, qui n'avait plus rien à perdre et qui refusait de voir une tyrannie de plus se mettre en place, s'engagea dans le camp de Caspian. Aeryn suivit son père et tous deux entrèrent dans les rangs de l'armée narnienne. Par le passé, les Ragh entretenaient de bonnes relations avec les Miraz, et au nom de cette amitié enterrée, ils combattraient contre l'Usurpateur.
Aeryn lutta avec courage contre les telmarins. Secrètement, il pensait racheter l'héritage familial. A ses yeux, il apparaissait évident qu'une fois le trône repris, Caspian nommerait les Ragh à la charge de Gouverneurs des Îles Solitaires. L'affaire semblait bien engagée : Viserion et Caspian paraissaient proches, ils s'entraînaient ensemble et se témoignaient un profond respect.
Viserion trouva la mort au cours du siège du château de Miraz, et Aeryn, abattu de chagrin, songea un instant à retourner sur les Îles pour retrouver sa soeur, qu'il avait laissé seule et qui lui manquait grandement. Mais pour l'avenir de sa famille, il ne pouvait déserter le camp narnien. Il ravala sa tristesse et combattit encore plus vaillamment, pour espérer récupérer le titre et les terres de ses ancêtres.

Cependant, lorsque la guerre fut achevée et Caspian triomphant, Aeryn connut la plus grande désillusion de son existence. Non seulement, Caspian ne le nomma pas Gouverneur des Îles, mais, pire, il confia cette charge aux deux enfants de Miraz, Esméralda et Jason.
Aeryn entra dans une colère monstre lorsqu'il apprit ce qu'il vécut comme une trahison. Il désavoua son serment d'allégeance à Caspian, et chercha des appuis autour de lui, auprès de ses compagnons d'armes, pour imposer son pouvoir sur les territoires insulaires. Personne ne le suivit.
Finalement, lorsque Jadis fut ramenée à la vie, Aeryn perçut en ce retour surprenant la chance qu'il attendait depuis des années. Il alla trouver la Sorcière Blanche et lui jura allégeance. Il lui livra tout ce qu'il savait à propos de Caspian et ses stratégies militaires, ce qui s'avéra particulièrement utile pour Jadis. Aeryn lui promit aussi des espions au sein du camp narnien : il savait que s'ils mettaient les moyens, certains alliés de Caspian n'hésiteraient pas à le trahir secrètement. Consciente de l'appui de choix qu'était Aeryn, Jadis lui concéda le titre de Gouverneur des Îles et d'amiral de sa flotte.
Aujourd'hui, animé par un désir de vendetta familiale, Aeryn a à coeur de pourchasser et d'éliminer tout ceux qui nuisent ou ont nui à sa famille.

Tout comme son frère, Zelda ne connut que la pauvreté et l'incertitude au cours de son enfance. Chaque matin, elle lisait sur le visage de ses parents l'inquiétude de savoir s'ils parviendraient à nourrir leurs enfants. Mais si elle ne possédait qu'une paire de robes usées et quelques poignards forgés par son père, elle recevait en revanche beaucoup d'amour. Ces marques d'affection encouragèrent le développement de son caractère bienveillant et empathique, déjà naturellement doux.
Durant toute son enfance et son adolescence, Zelda aimait passer du temps avec sa mère, qui lui enseignait l'histoire de Narnia et des Îles Solitaire, et lui apprenait à reconnaître les plantes des plaines et des forêts. La forêt était d'ailleurs le terrain de jeu privilégié de Zelda, qui était fascinée par les esprits et les créatures qu'elle croyait mythique, comme à peu près tout le monde à ce moment-là. Les contes et légendes l'aidèrent à supporter l'épreuve déchirante que fut la mort de sa mère. Elle l'avait soigné et veillé pendant des semaines, consciente qu'il ne lui restait guère de temps à vivre, mais au fond d'elle, elle n'était pas prête à subir cette perte énorme.

Le départ de son père et de son frère accentua son sentiment de solitude et la blessure dans son cœur. Elle voulait les accompagner, refusant d'abandonner les seuls êtres chers qui lui restait, mais Viserion s'y opposa fermement. Il craignait pour la vie de sa fille, il ne la pensait pas prête à affronter un champ de bataille. Il lui fit promettre de rester sur les Îles, « pour veiller sur la terre de nos ancêtres », avait-il dit. Zelda s'y résolut, mais décida alors de mettre sa vie au service des autres.
Ainsi, lorsque l’Étoile passa et que les premières créatures et esprits humanisés se manifestèrent, elle se proposa de les accueillir et de les aider. Elle n'avait pas grand-chose à leur offrir, mais pas grand-chose – et beaucoup de réconfort – était mieux que rien.

A la fin de la guerre, elle fut soulagée de revoir Aeryn vivant, mais sa joie ne fut que de courte durée. Lorsque Esméralda et Jason débarquèrent sur les Îles au grand désarroi de son frère, Zelda essaya de le raisonner, de calmer sa haine et d'expliquer la décision de Caspian, mais ses efforts demeurèrent vains. Elle avait peur pour Aeryn. Cette peur s'accentua quand il lui fit par de son intention de rejoindre Jadis. Zelda s'indigna. Jamais, elle ne pourrait se résoudre à cela. Mais Aeryn ne lui laissa qu'un choix : soit elle le suivait, soit elle restait ici à attendre ce qui revenait de droit à sa famille. La jeune femme, qui, contrairement à son frère, n'avait jamais voulu autre chose qu'une vie simple, était tiraillée entre le besoin de rester auprès de la personne qu'elle aimait le plus mais qu'elle ne comprenait plus, ou de demeurer fidèle à ses convictions.
La nuit suivante, elle rêva d'Aslan. Interprétant cela comme un signe, elle renonça à suivre son frère, tentant une dernière fois de lui faire entendre raison. Face à son échec, Zelda décida qu'elle ne pouvait pas rester inactive. Puisqu'elle ne pouvait pas aider son frère, elle aiderait tous ceux qui risquaient de souffrir à cause des actions de celui-ci. Fuyant à Galma, elle entreprit de créer un refuge pour les persécutés. Ses moyens étaient faibles mais sa motivation forte.
Aujourd'hui, le refuge accueille essentiellement les esprits et les créatures chassées, mais aussi ceux qui se sont opposés à Jadis. Mais Zelda n'est pas rassurée, elle se demande combien de temps il ne leur reste avant que Jadis ne découvre leur cachette et ne les extermine tous.

Fils du seigneur Sopespian, Amadeo a grandi à Telmar, entre le château des Miraz et les terres familiales des Sopespian, qui s'étendaient au nord de la Lande du Réverbère, prise d'assaut par les telarmins dès les premiers siècles de leur installation. Bien que sa mère soit issue des Îles Solitaires, Amadeo ne connaissait pas bien ces territoires jusqu'à ce qu'il devienne adulte. Comme de nombreux aristocrates désavoués par l'influence toujours plus oppressante des calormènes sur les terres insulaires, la mère d'Amadeo avait quitté sa contrée natale pour s'installer à Telmar, et les Îles Solitaires étaient devenu une sorte de mythe, presque un tabou au sein de la famille. Ils étaient des Sopespian, des telmarins et rien d'autres.
L'enfance et l'adolescence d'Amadeo répondaient parfaitement aux exigences son rang. Il reçut une éducation avant tout militaire et politique : fils unique du seigneur Sopespian, il était destiné à récupérer le titre de son père et ses terres, une fois celui-ci disparu.
La situation convenait bien à Amadeo, qui jouissaient sans commune mesure des privilèges que lui octroyaient son rang. Jeunesse dissolu, il fournissait le minimum d'efforts possibles pour satisfaire les attentes de son père, et consacrait la majeure partie de son temps à chasser, à boire et à s'abandonner dans les bras de la gente féminine.

Cependant, quand les premiers complots émergèrent à la cour de Miraz et que sa famille commença à se sentir menacer, Amadeo changea progressivement d'attitude. Les plaisirs étaient une chose, mais conserver la richesse, le rang et le prestige permettant précisément d'obtenir ces plaisirs en était une autre. Pragmatique, Amadeo se montra plus attentif aux intrigues et au comportement de son entourage. Avec son père, l'idée leur vint qu'ils pourraient tirer leur épingle du jeu de la situation pesante dans laquelle se trouvait Telmar. Miraz semblait en déroute et tout indiquait que le moment était propice pour renverser le souverain auto-proclamer et rafler la couronne.
La trahison d'Esméralda arriva à point nommé. Miraz était sur les dents. Cependant, le retour d'Aslan bouleversa l'ensemble de leurs plans. Au cours d'une ultime bataille, la mort s'empara du père d'Amadeo. Celui-ci assista impuissant aux derniers instants de son géniteur, « dévoré » par un esprit de l'eau, qui fondit sur lui. Si Amadeo était égoïste et cupide, il n'en demeurait pas moins très attaché à sa famille et surtout, à son père, en qui il se retrouvait.

Ignorant son chagrin, il s'enfuit de Telmar avant que les événements ne tournent définitivement au vinaigre pour lui, et rejoignit les Îles Solitaires, où sa mère, malgré de vives réticences, avait fini par se réfugier, dès l'instant où Telmar n'était plus totalement sûr. Il avait eu l'occasion de s'y rendre plusieurs fois lorsqu'il se rendait à Calormen pour acheter quelques esclaves.
Amadeo était alors fou de rage. Ce maudit Caspian et les narniens lui avaient pris son père, ses terres, ses richesses et tout ce qui façonnait son identité. Oubliant que le passage de l'Etoile aurait pu lui permettre de récupérer la couronne de Telmar, si l'issue de la guerre avait été différente, il nourrissait particulièrement une haine envers les créatures et les esprits, qu'il estimait coupable des déboires de sa famille.
En contact avec Elyan Kashad, qu'il fréquentait lorsque celui-ci se rendait à Telmar, il se laissa séduire par son intention de ramener Jadis à la vie, et l'aida dans cette initiative.
Sa récompense s'avéra être un agréable lot de consolation. Nommé Chef de la Police secrète, une fois que la Sorcière Blanche eut bien installé sa domination, il obtient les pleins pouvoirs pour mettre en place une politique de terreur sur l'ensemble des terres contrôlées par Jadis.
Il est ainsi à présent en mesure de venger sa famille. Car bien qu'il ait récupéré ses terres à Telmar, le désir de vendetta ne se tarit pas. Maintenant riche de ce pouvoir tyrannique, il est hors de question de ne pas en user librement et sans aucun scrupule.